Huile sur toile
73 x 59 cm
Ni signé, ni daté
Inv : 2022.4.004
© Musée de Port-Royal des Champs
Œuvre charnière dans l’œuvre de Philippe de Champaigne, cette représentation des Apprêts de la sépulture du Christ conserve des marques de l'influence maniériste des premières années de sa carrière. Mais le rapprochement avec des œuvres contemporaines ne permet pas de la dater avec précision. L'artiste a pu utiliser les figures de la Vierge assise dans une Pentecôte peinte par Georges Lallemant (1635, abbatiale Saint-Ouen de Rouen) et de la Madeleine baisant les pieds du Christ dans une Mise au tombeau du même artiste pour Saint-Nicolas des Champs (1620). Mais cette figure de Madeleine évoque également celle peinte en1627 par Anton Van Dyck dans une Mise au tombeau pour l'archevêque de Mayence (aujourd'hui conservée dans la cathédrale impériale de Francfort-sur-le-Main). Selon l'hypothèse de Sylvain Kerpern, cette peinture pourrait être une réduction du tableau d'autel commandé à Champaigne pour la chapelle du Palais du Luxembourg vers 1628.
Mais Champaigne a pu également s’inspirer d’une Mise au tombeau appartenant aux collections du cardinal de Mazarin, ce qui placerait l’exécution de cette peinture plutôt au début des années 1640, date à laquelle le peintre, qui a déjà abandonné les modèles maniéristes français, explore délibérément les modèles italiens. Une copie de la Mise au tombeau de l’Albane, alors attribuée à Carache, dans la collection du cardinal Mazarin figure dans l’inventaire après décès de l’artiste en 1674 (n°6) puis dans celui de Jean-Baptiste de Champaigne en 1691(n°6). On voit dans ce tableau la même composition pyramidale, le même nombre de figures et la même manière de rapprocher les visages. On notera que la main de la Vierge dans le tableau de Champaigne est directement reprise sur celle du saint Jean de la composition de l’Albane.
Cette Mise au tombeau est également connue par une estampe, gravée par Samuel Bernard (1615-1687) et éditée par Jean Morin (avant juin 1650). Le British Museum de Londres conserve un dessin qui présente manifestement la première idée de composition. On y voit aussi comment l'artiste, après avoir envisagé de montrer le groupe au pied de la croix, a finalement choisi de représenter le Christ posé sur la pierre du tombeau en forme d’autel, introduisant ainsi dans son tableau une dimension eucharistique. Au premier plan, les instruments de la Passion, la couronne d'Épines et les trois clous.
Œuvre en rapport
Gravure, par Samuel Bernard (Musée de Port-Royal)
Pour en savoir plus :
Voir l'étude de Sylvain Kerspern, Le jeune Philippe de Champaigne à l’épreuve du temps
http://www.dhistoire-et-dart.com/Fortunecritique/Champaignejeune4s4.html
© Musée de Port-Royal des Champs
Peut-être Vente de M. le Baron M., Paris, 24 avril 1810, n°2 ; vente, Paris, Millon, 6 avril 2012, n°13 ; Paris, galerie Terradès ; acquis par l'Etat auprès de la galerie en octobre 2022 ; arrêté du 9 décembre 2022.