Anne Slacik - Échos des lumières

Evoquer les Lumières à Port-Royal peut, à première vue, sembler bien paradoxal… Les philosophes n’aimaient pas les jansénistes, qui le leur rendaient bien ! Pourtant, Port-Royal et les Philosophes se retrouvèrent à la fin du XVIII^e siècle sur le thème de la tolérance civile. Et Port-Royal, berceau de la langue française, à travers l’œuvre de Pascal et Racine incarne, aujourd’hui encore, les aspirations humanistes du classicisme français.

Dans l’œuvre d’Anne Slacik, l’humanisme s’incarne dans les mots : dans ceux des classiques qui résonnaient déjà il y a trois cent cinquante ans dans les murs des Petites Ecoles comme Ovide ; elle suit Michel Butor interrogeant Platon ; elle retrouve Charles Perrault, abandonnant un instant les sulfureuses biographies de Pascal et Arnauld pour ses fameux contes. Anne Slacik suit le chemin des poètes dans l’épaisse nature, le long d’un ruisseau immobile, ouvrant un horizon de couleur plein du souvenir de Claude Monet au Nénuphar blanc de Stéphane Mallarmé : « Conseille, ô mon rêve, que faire ? »

Dans l’œuvre d’Anne Slacik, les Lumières semblent poindre au fond d’une nuit profonde, dans la densité généreuse des pigments bleus ; comme une prophétie laïque pétrie de messianisme ; comme l’annonce par Zarastro, dans la Flûte enchantée de Mozart, autre monument de la Aufklärung, que les rayons du soleil toujours vainqueront les ténèbres. Elles brillent toujours au firmament d’un siècle nouveau qui semble oublier le prix d’un pareil héritage.

L’exposition Echos des Lumières est présentée dans la Grange à Blé, avec trois séries : Echos des Lumières (2021-2023) ; Mallarmé (2010) ; Petit Poème Abstrait (2017) et dans les Petites Ecoles, série Printemps (2023). Le parcours permanent est ponctué par onze livres peints.