Port Royal des Champs

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Nouvelles acquisitions

Le Portrait mythique de Pascal dans les collections nationales

 

 

 

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François II Quesnel (1637-après 1717) 
Portrait Posthume de Blaise Pascal 
huile sur toile ; 95 x 70 cm (ovale) 
2020.4.001

L’iconographie de Blaise Pascal est dominée par le portrait de François II. Quesnel réalisé à partir du masque mortuaire (Dorival, 1976, p. 326, n°1771). Les innombrables portraits gravés dérivent tous de lui, peut-être directement pour la gravure réalisée par Edelinck pour les Hommes illustres de Charles Perrault.

Il s'agit du plus ancien portrait connu de Blaise Pascal, et sans doute le premier jamais peint car c’est de lui que dérivent tous ceux qui ont pu être recensés jusqu’à présent. Il fut réalisé à la demande de la sœur de Pascal, Gilberte Perier, à partir du moulage de son visage que la famille avait fait prendre sur son lit de mort. Le nom du peintre est connu par le témoignage de l’oratorien de Clermont, Pierre Guerrier, qui avait recueilli en 1732 plusieurs anecdotes relatives à Pascal de la bouche de la Marguerite Périer, fille de Gilberte et ancienne pensionnaire de Port-Royal, réputée miraculée en mars 1656 : « Mademoiselle Périer m’a dit que M. Pascal, son oncle, portait toujours une montre attachée à son poignet gauche. Quand M. Quesnel, frère du P. Quesnel, eut fait le portrait de M. Pascal qui était mort depuis plusieurs années, on montra ce portrait à un grand nombre de personnes qui avaient connu ce grand homme. Tous le trouvèrent parfaitement ressemblant. Mademoiselle Perier le fit voir à un horloger de Paris qui avait travaillé pour son oncle et lui demanda s’il reconnaissait ce portrait. C’est, dit l’ouvrier, le portrait d’un monsieur qui venait fort souvent faire racommoder sa montre, mais je ne sais pas son nom (1). »

Ce portrait est attribué, sur la foi du récit de Marguerite Perier, au peintre François Quesnel (1637-1699), frère cadet du théologien janséniste Pasquier Quesnel, peut-être entré en 1670 à l’Oratoire comme son aîné. On considère généralement qu’après la mort de Marguerite Perier en 1733, ce tableau se retrouva dans la collection de documents pascaliens réunie par Dom Jean Guerrier, qui le légua à son neveu, Pierre Faron Benoît Guerrier, seigneur de Bezance, maître des requêtes, puis avocat général â la Cour des aides de Clermont. Il fit don des manuscrits de Pascal à la bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés (dont le manuscrit B des Pensées) et conserva le portrait de Pascal. Plusieurs portraits gravés de Pascal porte la mention de propriété, comme celui de Charles Etienne Gaucher : « M. Guerrier de Bezance… a bien voulu communiquer l’original à l’auteur »(2). On trouve, placé en frontispice du tome 1 des Œuvres de Blaise Pascal, première édition du genre, réunies et publiées à La Haye par l’abbé Charles Bossut un autre portrait de Pascal signé L.N., accompagné d’une épigraphe de D’Alembert et comportant la mention : « tiré du cabinet de M. Guerrier de Bezance, maître des Requêtes ». Laconiques, les Nouvelles Ecclésiastiques du 26 juin 1779 estiment que ce portrait « pourroit être mieux gravé & même mieux dessiné, ayant quelque chose de dur & de rébarbatif (3). » Son fils apparaît dans la liste des « Petits Messieurs pensionnaires de Juilly en 1766. Ce portrait est resté dans la même famille jusqu'à son achat en 2020 par l'Etat.

C’est à partir de la gravure d’Edelinck que la reine Marie-Amélie fit exécuter un portrait de Pascal qu’elle offrit à Louis Silvy en souvenir de sa visite sur le site des ruines de Port-Royal des Champs en 1840. Plusieurs copies faites directement sur le tableau de Quesnel ont pu être exécutée au cours du XIXe siècle, notamment celle par Nancy Goupil pour le bureau des Granges aujourd’hui disparu (1952.1.026) ou celle par M. Devedeux, aujourd’hui conservée au musée d’Art Roger Quillot.


(1) Lettres, opuscules et mémoire de Madame Perier, publiés par Paul Faugère, Paris, 1845, p. 479.
(2) J. Adehémar, Inventaire du Fonds français, graveurs du XVIIIe siècle, IX, p. 470, n°35
(3) Nouvelles Ecclésiastiques, 26 juin 1779, p. 104.